La forêt primitive

• La réserve naturelle est issue d’une grande forêt rhénane.
• Le Rhin, dans son état naturel, avant domestication, présentait une mosaïque d’îles, de tailles diverses, séparées les unes des autres par la multitude de bras du fleuve.
• Les crues régulières du fleuve inondaient les forêts riveraines et ont provoqué le développement exubérant des végétaux de la forêt du Rhin, un des rares exemples de forêt dense tempérée du continent européen.
• Le lit mineur du fleuve faisait parfois jusqu’à 5 km de large et son lit majeur, où s’étendent les crues, 30 km.
• Les crues les plus violentes pouvaient emporter des pans entiers de forêt, modifiant le cours du fleuve.
• Sur les vastes bancs de graviers mis à nu par les inondations, s’est installé une forêt pionnière, à bois tendre, composée de saules blancs, de peupliers noirs, de peupliers blancs et d’aulnes.
• Les forêts à bois tendre ralentissent le courant et les crues déposent alors des alluvions plus fines. Les conditions écologiques deviennent alors favorables à l’installation de la forêt à bois dur caractérisée par les chênes pédonculés, les ormes, les frênes.
• Cette remarquable diversité végétale s’accompagnait d’une riche variété animale : oiseaux nicheurs dont le balbuzard pêcheur, castor et loutre, saumons, aloses, anguilles…

La domestication du Rhin

• A partir du 17e siècle, la forêt rhénane est défrichée pour cultiver la terre et satisfaire les besoins en bois de chauffage. Le bois est aussi nécessaire à l’édification de barrages, digues et seuils pour protéger les ouvrages militaires et les habitants de l’érosion des sols et des crues.
• Près du Rhin, la chasse est largement pratiquée, la pêche a une place importate dans l’économie de la ville.
• Au 19e siècle, l’ingénieur Tulla dirige d’importants travaux pour maîtriser le fleuve : le lit majeur est délimité par des digues des hautes eaux, les méandres éliminés, les bras morts comblés. Son équilibre est rompu, l’érosion du lit est importante jusqu’à empêcher la navigation. Des épis transversaux sont posés tout le long du fleuve pour l’obliger à reprendre un cours sinusoïdal.
• Au 20e siècle, l’ingénieur Koechlin développe le projet de Grand Canal d’Alsace, latéral au Rhin, pour assurer la navigation et la production électrique. 4 chutes sont réalisées après la deuxième guerre mondiale pour le compte d’EDF.
• Le creusement du canal a abaissé la nappe phréatique ; le projet est modifié dans le but de remonter le niveau de la nappe. 4 autres chutes sont construites en festion.
• Enfin, des aménagements subséquents sont réalisés pour éviter les problèmes d’érosion du lit à cause d’une pente encore trop importante. Des chutes sont construites à Gambsheim et Iffezheim.

La transformation de la forêt

• Le premier document d’aménagement connu pour les forêts de Strasbourg date de 1885 : il ne réserve que 1/3 de la surface forestière, les plantations d’arbres sont pratiquées couramment.
• C’est dans les années 1960 à 1970, avec l’extension du port, de sa zone industrielle et la création de la centrale hydroélectrique qu’a lieu une vague intense de déboisement à l’Est de la forêt du Neuhof : au total, 460 ha de forêt dans le massif du Neuhof disparaissent.
• A cette période, des coupes de régénération sont entreprises par l’Administration des Eaux et Forêts, avec le remplacement d’assez nombreux noyers noirs par des hêtres et des épicéas.
• Le milieu scientifique et le public s’alarment.
• En 1971, l’ONF élabore un plan de gestion provisoire, la ville de Strasbourg adopte un plan d’aménagement touristique. Ce positionnement en faveur de l’accueil du public entraine la mise en place de mesures sylvicoles adaptées .
• Ces décisions vont à l’encontre des objectifs de production de bois de qualité suivis jusqu’à présent, et marquent un changement dans la vocation principale de la forêt du Neuhof.
• En 1977, la canalisation du Rhin est achevée. L’inondabilité du massif du Neuhof est rendu impossible.
• Un nouveau plan d’aménagement est établi, qui confirme le mouvement d’évolution sociale et le changement de perception du rôle de la forêt strasbourgeoise amorcé en 1971.
• Ainsi, entre 1977 et 1980, des itinéraires touristiques sont mis en place au sein du massif forestier, conformément au plan d’aménagement touristique.

La création de la réserve

• C’est dans les années 80 que l’objectif de sauvegarde et de restauration du patrimoine écologique remarquable des forêts rhénanes strasbourgeoises prend de l’ampleur.
• La tenue des « Etats Généraux de la Forêt Rhénane » du 2 août 1990 favorise la décision de classer la quasi-totalité des dernières forêts rhénanes en forêts de protection ou en Réserves Naturelles. La Ville de Strasbourg opte pour le classement de ses forêts en Réserves Naturelles Nationales. Le 10 septembre 2012, après réalisation d’une enquête publique, le massif forestier de Strasbourg-Neuhof – Illkirch-Graffenstaden est classé en réserve naturelle nationale.
• Le préfet du Bas-Rhin a désigné le 28 mars 2014, après avis du comité consultatif, la Ville de Strasbourg comme gestionnaire, par le biais d’une convention fixant les modalités de gestion de la RNN.
• La Ville de Strasbourg, en tant que gestionnaire de la réserve naturelle, assure la coordination et le contrôle de légalité des différentes actions mises en oeuvre.
• Un comité consultatif de la réserve naturelle est présidé par le représentant du Préfet.
  Renouvelé tous les 3 ans, il se réunit deux fois par an.
  Il est composé à parts égales de représentants des administrations civiles et militaires et des établissements publics de l’Etat intéressés, des élus locaux, des propriétaires et des usagers, d’associations agréées de protection de la nature ainsi que de personnalités scientifiques qualifiées.
• Le Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel (CSRPN) assure la missions de conseil scientifique.